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Le salaire des grands patrons est-il justifié ?

      Depuis tous temps, les patrons des grandes sociétés font l’objet de scandales à cause de leurs salaires faramineux.

Des bonus sensés les récompenser, aux parachutes dorés en passant par des primes, les médias regorgent d’exemples de patrons qui s’enrichissent, même dans ce contexte de crise. Cependant, être patron n’est pas un métier comme les autres, il demande beaucoup de temps et de sacrifices pour permettre à sa société de prospérer et ce, malgré la crise.

On peut donc se demander de quelle manière les grands patrons vont s’enrichir ? Et, si c’est légitime dans ce contexte économique ?

Nous verrons donc dans un premier temps le fonctionnement des revenus des PDG. Nous parlerons de la part fixe et variable de leur salaire ainsi que des actionnaires. Par la suite nous réfléchirons sur la légitimité de cet enrichissement en pesant le pour et le contre.

 

      Pour s’enrichir, les entreprises adoptent des techniques de « corporate governance » (gouvernance d'entreprise) qui consistent à resserrer les liens entres les actionnaires et les mandataires sociaux (directeurs généraux) pour que le dirigeant opérationnel concentre tous ses efforts sur la maximisation du cours de l'action. Cette technique aussi appelée théorie de l’agence tente de réduire l’asymétrie de l’information pour qu’actionnaires et dirigeants puissent s’enrichir.

 

Comment sont organisés les revenus des grands patrons ?

 

 

Ils sont organisés en deux parties. La part fixe et la part variable.

 

      La part fixe :

La partie fixe des revenus des patrons est un salaire qui fonctionne simplement. Une somme fixe est touchée tous les mois par le patron, elle sert de base fixe sur laquelle les bonus sont calculés.

Un grand patron de la Bourse de Paris (CAC 40) touche en moyenne 3,968 millions d'euros par an. Mais ce chiffre correspond à l’addition de la part fixe et de la part variable que nous traiterons ensuite.

Leur part fixe s’élève environ à 1,029 million d’euros. Celle des patrons du SBF 120 et du SBF 80 s’élève respectivement à 813.000 et 700.000 euros.
Mais qui décide de ce salaire ?

C’est le conseil d’administration qui est le seul à avoir le pouvoir de décider du salaire fixe du patron. Il décide des rémunérations du directeur général, du président du conseil et des directeurs généraux délégués.

Seulement, selon H. Joly, ces conseils sont composés de dirigeants ou d’anciens dirigeants qui ont aussi profité du système. C’est donc ce manque de contre-pouvoir qui peut poser problème et amener à des salaires démesurés.

 

      La part variable : 

Nous venons donc de voir que les grands patrons touchent un salaire, qui est la base fixe de leurs revenus. Mais ce n’est pas leur seul moyen de rémunération.

Ils touchent aussi de nombreux bonus, primes ou autres parachutes dorés. Comment cette part variable de leur rémunération fonctionne ?

 

Tout d’abord nous allons voir le fonctionnement des stocks options. C’est en quelque sorte une attribution d’actions. Autrement dit, le patron acquiert des actions gratuitement ou à un prix fixé au départ. Cela dévalorise les actions déjà en circulation mais aligne les intérêts des actionnaires et des dirigeants. L’enrichissement des patrons dans ce cas là n’est pas un problème car tout le monde en profite, y compris l’économie car une hausse du prix de l’action est preuve d’une bonne utilisation des capitaux. Pour certains patrons la part de revenu effectuée avec les stocks options est supérieure à leur salaire fixe (cf : tableau ci-dessous).

 

Les bonus sont des récompenses attribuées pour diverses raisons en particulier lorsque que la société affiche des chiffres prouvant que le travail des dirigeants permet un développement économique positif.

 

Pour finir, les parachutes dorés n’entrent pas vraiment dans les revenus des patrons ; il s’agit d’une somme touchée lors du départ volontaire ou lors du licenciement du PDG.

Elle fait souvent débat. Beaucoup de grands patrons ont dû renoncer à une partie de cette somme qui faisait scandale dans ce contexte de crise.

L’exemple du parachute doré de 3,2 millions d'euros accordé à Thierry Morin lorsqu’il a quitté Valeo, alors que l'entreprise affichait une perte nette de plus de 150 millions d'euros et qu’il évoquait son intention de supprimer 1.600 postes rien qu'en France a forcé le gouvernement à réguler temporairement les sommes versées aux dirigeants d’entreprises publiques.

 

Les Actionnaires

 

      Qui sont-ils ?

 

Un actionnaire est une personne détenant des actions d'une société.

En contrepartie de la détention des actions, l'actionnaire a le droit de percevoir des dividendes, c'est à dire qu'il reçoit des versements d'argent pour rémunérer ses apports de capitaux. Il peut aussi assister et voter aux assemblées générales. Il a également le droit, en cas de liquidation de la société à un « boni de liquidation », ce qui correspond à une somme d'argent redistribuée aux actionnaires.

C’est en quelques sortes un investisseur.

Une action est une part de l’entreprise. L’actionnaire devient détenteur d’une partie de l’entreprise lorsqu’il achète des actions et la revend aux dirigeants lorsqu’il souhaite s’en défaire.

 

      Quel est leur rôle ?

 

Le rôle d'un actionnaire est d'investir de l'argent dans une entreprise pour qu'elle puisse se développer, acheter de nouvelles machines, être plus productive et par conséquent, plus rentable. Prenons l’exemple d’une entreprise de fabrication de voitures : un actionnaire va acheter des parts de cette société, les actions. Avec cet argent, les dirigeants vont pouvoir acheter un nouveau robot de construction. L'entreprise pourra ainsi produire plus de voitures, à moindre coût. Elle réalisera alors plus de bénéfices. Le cours de ses actions sur le marché (la bourse) prendra alors de la valeur. Les actionnaires pourront par la suite revendre leurs parts à profit ou à perte selon l’évolution économique de la société. Si un actionnaire a acheté 100 actions à 10€ et qu’un an plus tard les actions valent 50€ et qu’il les revend, il aura réalisé un profit de 4000€.

 

      La Théorie de l’Agence

 

Cette théorie s’explique par une relation entre les actionnaires et le ou les dirigeants. Les actionnaires vont mettre en place un système qui poussera les dirigeants à réaliser l'action tout en dévoilant la totalité des informations. Les dirigeants voudront eux garder le pouvoir décisionnel, notamment, de la transparence de leurs informations. Il faut donc que les intérêts des dirigeants et des actionnaires soient alignés. Mais les dirigeants sont les seuls à véritablement savoir ce qui se passe dans leur entreprise causant une asymétrie de l’information ce qui les avantage et peut déboucher à une action opportuniste. C'est-à-dire qu’ils pourraient tirer avantage d’une situation au détriment des actionnaires. Ce genre d’action est souvent sanctionné, entre autres par la vente d’actions de la part des actionnaires.

Seulement, cette sanction fait baisser le prix des actions de la société en question faisant perdre de l’argent aux actionnaires. Ils préfèrent donc donner une bonne raison aux dirigeants d’être loyaux et transparents en augmentant leur rémunération.

Leur légitimité

 

Nous pouvons nous demander si ces salaires démesurés sont légitimes dans ce contexte de crise économique.

 

      OUI

 

Etre patron demande beaucoup de sacrifices. Sa charge de travail très importante implique qu’il soit souvent loin de sa famille. Il n’a pas beaucoup de temps libre et est contraint d’effectuer de nombreux voyages d’affaire aux quatre coins du monde. Les exigences demandées pour le poste sont très contraignantes. Il doit savoir prendre des risques mesurés, garder son sang froid, être visionnaire et définir les grandes voies à suivre pour l’avenir. Il doit aussi être un excellent diplomate et être très à l’aise pour communiquer dans différentes langues. Pour finir, il doit pouvoir rassembler tous ses salariés afin d’ avoir une organisation harmonieuse et productive. Les patrons talentueux sont rares et ce qui est rare est cher, c’est le processus de l’offre et de la demande.

Il est aussi important de noter qu’il a beaucoup de responsabilités. Le devenir d’une société ainsi que de ses salariés lui appartient, il est donc de son devoir de prendre les bonnes décisions pour développer au mieux sa société et augmenter ses bénéfices. Prendre les bonnes décisions implique un risque de se tromper et de mettre en faillite l’entreprise entière.

Pour finir, on peut noter qu’un patron très bien payé garantit aux actionnaires qu’il s’agit du patron le plus qualifié qu’il soit. Cette garantie rassure les actionnaires qui vont continuer à investir dans la société et lui permettre de se développer encore plus.

 

      NON

 

Dans ce contexte de crise le salaire des grands patrons enflamme souvent l’opinion publique menant à des scandales.

D’un côté, ils s’assurent un salaire faramineux avec des parachutes dorés en cas de départ, alors que d’un autre côté, ils licencient pour cause « économique » des salariés qui se retrouvent alors au chômage.

On peut noter aussi que tous ces stocks options, bonus ou salaire fixe sont un risque pour l’entreprise car cet argent qui va dans les poches du PDG n’est pas réinjecté dans la société et peut dans des cas extrêmes mettre en difficulté l’entreprise.

 

De plus, Il faut distinguer les fondateurs d’entreprise des gestionnaires. Les créateurs gagnent souvent beaucoup plus d’argent, mais ils sont porteurs d'un projet. Par exemple, le patron de Free, Xavier Niel, a réalisé quelque chose d’exceptionnel en proposant des prix défiants toutes concurrences. Les gestionnaires, quant à eux, sont nommés à la tête d’une entreprise qui existait déjà, avec une équipe autour d'eux. On a donc du mal à voir quelle est leur contribution individuelle qui justifierait de tels niveaux de rémunérations. On a aussi pu voir dans la partie précédente que les patrons justifiaient ces gros salaires par différentes raisons comme le fait de ne pas avoir de vie de famille ou d’être tout le temps en déplacement. Mais en quoi est-ce plus difficile d’être PDG de PSA que d'être à la tête d’un grand ministère ? C'est sans doute la même exigence de travail voire même une pression plus importante pour un ministre, qui pourtant gagne nettement moins d'argent. Cet argument n'est donc pas justifiable. 

Par ailleurs, ce sont des gens qui vivent « entre eux » et ils oublient que la majorité de la population gagne moins d'argent qu'eux. De plus, on s'est félicité de voir que les rémunérations seraient décidées par des administrateurs indépendants, mais comme ces derniers viennent également du même monde, cela ne change pas grand-chose. Ils considèrent tous qu'il est normal de gagner des sommes pareilles. 

 

 

Pour conclure, nous avons vu que les grands patrons s’enrichissent de diverses manières (salaire fixe, stock options, primes, bonus) que l’on a définies précédemment. Nous avons vu l’importance des actionnaires dans le bon fonctionnement de l’entreprise. Pour finir, nous avons pesé le pour et le contre dans la légitimité de leurs salaires. Il s’en dégage alors que le métier de patron s’avère être compliqué et qu’il nécessite de nombreuses qualités. Il est donc légitime qu’ils soient mieux payés qu’un simple salarié. Cependant, dans ce contexte économique de crise ils ne devraient pas privilégier leurs propres salaires au détriment du maintien des emplois dans certaines branches. Il semble injuste qu’ils touchent des salaires faramineux quand leurs salariés ne touchent que le SMIC (en moyenne 300 fois moins que le salaire d’un grand patron du CAC 40) et qu’ils quittent leur entreprise avec des parachutes dorés alors qu’elle connaît des difficultés et que certains salariés sont licenciés pour raison économique.

 

 

 

 

 

Auteurs : Elie et Clément

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